Mythes actifs au service de la confusion

Mieux comprendre la CONFUSION ambiante et le profit que tous les nuisibles, les prédateurs puissants, manipulateurs et financiers peuvent en tirer. Mieux comprendre les mythes et vérités frelatées dont ils nous abreuvent et qui nous crétinisent (et ce, hélas, le plus souvent avec notre consentement).

Nos valeurs imaginaires

Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion. Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être). Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable (…)

La confusion quand elle n’est pas le fait de l’erreur ou de l’oubli d’un seul être est toujours ourdie par une élite pour nuire au plus grand nombre et à son seul profit. Apprenons à en reconnaître les signes. De la lutte que se livrent depuis déjà de nombreuses décennies autorité d’argent et autorité politique c’est l’imaginaire de la marchandise, autrement dît le paraître et son négoce : le « spectacle » qui sont sortis vainqueurs. Quand les repères sont brouillés, l’humain se tourne vers les dieux ou à défaut vers les idoles qu’on sait fort à propos lui tendre. Il s’engouffre, lui, les siens, et ses deniers dans un investissement absurde qui le rassure et enrichit les trafiquants de l’imaginaire.

Au programme de notre galerie des horreurs : deux catégories de monstres, ceux que l’on idolâtre et ceux que l’on devient par servilité mimétique, par identification niaise ou forcenée à des modèles (…)

Des biens et des personnes

Travail trouve son origine dans le latin trepalium qui était un outil de torture … la chose n’appelle guère d’autre commentaire que « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front « . De cette incontournable torture répondant à la contrainte « naturelle » du « bosse ou crève », l’humain est passé, poussé par le goût du profit (que font ses employeurs) puis par peur de l’ennui d’être face à face avec soi-même à l’adoration de la torture qu’il subit et, partant, des tortionnaires qui la lui infligent (…)

A force de faire commerce de tout, l’objet n’a plus d’importance. C’est le spectacle de la vente qui compte. Spectacle, vitrine et mise en scène de la convoitise. Dire vaut plus que « valoir ». Convoiter vaut mieux que posséder (…)

C’est confusion que de croire le non-droit est strictement opposé au droit. Confusion non fortuite, confusion qui profite à qui impose un ordre qu’il nomme désordre. Car le non-droit et le droit sont assis sur les mêmes bases : ils revendiquent l’un et l’autre une « légitimité ». Qu’est-ce que la légitimité sinon le droit pour le droit d’être le droit ? C’est ce qui fonde le droit ? Mais comment ? (…)

Savoir et mémoire

Le pouvoir, la politique et le monde de l’art ont tout au long de l’histoire connu de nombreuses convergences à défaut d’une longue histoire d’amour. Ce n’est que récemment (fin du XXème siècle) que la confusion organisée de main de maître est parvenue à gommer les frontières non seulement entre les avenues et les goûts du pouvoir mais aussi entre l’art et ce qui n’en est pas – ce dans quoi il faut inscrire la « marchandise » (…)

Comment miser ? Présent ou patrimoine ? Constater l’opposition des deux clans qui s’affrontent n’a rien de réjouissant : les adorateurs du patrimoine (sur l’air de « ah c’était le bon temps mais tout fout le camp ») prêts à étriper les adulateurs d’un présent hyper-post-moderniste porteur des lendemains qui chantent (sur l’air de « miroir mon beau miroir, nous n’avons jamais été aussi beaux et intelligents ») et inversement (…)

La science est devenue insensiblement un objet de mode. Ce qu’il faut entendre ici par « mode » tient au fait que d’objet d’admiration puis d’adulation la « Science » a suscité des conformismes de façade ; or que voulez-vous que soit un conformisme en matière de science sinon un conformisme d’expression, de discours, de vocables, de tout ce qui, sortant de son emploi et de sa destination (qui est en principe toute de rigueur) devient vite de simples tics de langage, quasiment dépourvus de contenu, de sens (…)

Tout devrait nous inspirer de l’enthousiasme, voire de la ferveur en ces domaines… et pourtant, d’aucuns, non sans raison, semble-t-il insistent pour que nous montrions plus que de la vigilance. Quels sont les enjeux et qu’est-ce qui, en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC), commande la vigilance voire la défiance ? Résister au progrès ? (…)

La technolâtrie et la pensée hypertexte : mutations et gestion des simulacres.
Les succédanés de communication auxquels on commence à aboutir sont caractérisés par une mise en retrait du message. Ce qui s’y perd, s’y érode c’est sa richesse et sa h3ersité qui ne s’apprécient que par la mise en valeur de la « saveur lente » à laquelle il invite. Richesse et profit sont effacés au profit de la célérité de la diffusion, de l’immédiateté de l’accès. La priorité est donnée à la vitesse et à la volupté technicienne de la connexion, des enclenchements (…)

Pureté et mimétismes

René Girard montre par ses analyses au long cours à quel point les groupes humains sont contraints de se ressourcer régulièrement dans une pureté originelle. Ils élaborent des rituels expiatoires pour immoler ou bannir des « boucs émissaires » grâce auxquels le groupe se refédère, pour un temps au moins.
La pureté est la référence à une nature perdue par le groupe mais que sa foi en l’expiation déléguée permet de retrouver. En amont nul ne s’interroge sur le « contenu » du concept « pureté ». Pas plus aujourd’hui qu’hier.
Dans ce grand cirque de la pureté, « purs parmi les purs », voici les imprécateurs, les cassandres, donneurs de leçons, grands exécrateurs de l’humanité qui nous fustigent car ils ont prononcé leurs vÅ“ux : « entrés » en politique ou en écoplogie comme d’autres dans les ordres.
En effet qu’est-ce qu’un pur ? qu’est-ce qu’un « cathare » ? sinon celui qui, au nom de l’autre prétend haïr ce qu’il est lui-même : un humain. (…)

L’écologie, naguère encore, était une facette de la science, elle tenait un discours rationnel et portait un regard scientifique sur le monde environnant, et le milieu humain… Depuis, elle est comme « entrée en religion » et pour se donner des moyens d’action – comme l’Eglise autrefois – est aussi entrée en politique. Etait dès lors née l’écolâtrie, bien loin de toute forme de rigueur scientifique, bien loin de la préoccupation légitime et fondée quant aux déjections et autres fiantes industrielles et à leurs effets, il ne s’est plus agi que de diffuser des discours imprécateurs, d’accabler l’interlocuteur, de paralyser le petit pollueur, ce qui, en douce, permet bien opportunément, d’éxonérer le (financièrement) gros et (politiquement) très puissant pollueur. On n’inquiète pas la poule aux oeufs d’or. (…)

Beau moteur de nos frustrations et de nos délires que ce corps irréversiblement attiré vers son déclin, quoi qu’on fasse. Mais aussi quelle pauvre érotique que celle de la personne qui se trouve réduite à ne se percevoir, elle-même, que sous forme d’image déviée vers un miroir. Je ne suis plus que mon propre désir de mon propre corps, tel qu’il m’est réverbéré dans l’Å“il de l’autre au mieux, ou dans le miroir au pire. Je ne suis que ce que tu crois voir de moi. Je suis moi et mon image, nous sommes, moi et moi, indéfectiblement unis pour le miroir et pour le pire.
Et tout cela dans une grande, une superbe illusion de pureté, de beauté, de santé ! Y a-t-il jamais eu identité qui ait pu faire l’économie du regard de « l’autre » ? C’est bien là qu’est le drame de la solitude qu’inflige la loi du paraître. (…)