La confusion des mentalités

Des questions sans réponses

L’homme a toujours su qu’il ne savait pas, puisqu’il se pose sans cesse des questions qui restent sans réponses.
L’homme apporte, il est vrai, certaines réponses d’ordre expérimental – qu’il théorise en techniques, en sciences, en savoir établi.Il apporte aussi des réponses qu’il invente ou dont il n’a qu’une intuition – et auxquelles il faut croire.
Des réponses sans questions. Pour ainsi dire.
Au terme de ces parcours hésitants, l’homme parvient à déterminer trois champs de son expérience ou de sa sensibilité :
le connu,
le connaissable encore inconnu,
l’inconnaissable.
Il a mis en oeuvre ce qu’il possède de plus dynamique : son désir et son imaginaire. Il n’existe, de fait, qu’une seule sorte d’imaginaire qu’il soit artistique, scientifique ou technique ou mystico-religieux.

Le terrorisme sournois de la confusion

Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion.
Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être).
Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable. Sauf par inadvertance. Alors soyons inadvertants et sachons simuler l’indifférence, ou mieux l’acceptation de ses stratagèmes pour la voir en action et la surprendre en flagrant délit.

Equivalence et relativisme

Tout ce qui, un temps, a pu paraître net, intolérablement précis et contraignant même parfois, paraît, dit-on aujourd’hui comme « brouillé ».
Pourtant on n’a jamais tant parlé, tant expliqué, tant communiqué à propos de tout, partout. C’est vrai.
C’est précisément là un des aspects de la confusion car, à force de tout embrasser systématiquement, tout finit par se valoir.
Au moins en termes d’intensité d’intérêt médiatique.
Mais l’intérêt médiatique ne se substitue-t-il pas à la valeur intrinsèque des objets ou des faits qui nous entourent ?
Le spectacle n’est-il pas devenu le seul sens, la seule et ultime pertinence?
Impossible de déméler si c’est curiosité ou automatisme, volonté de savoir authentique ou conformisme mimétique, ardeur ou indifférence qui marque ce nouvel encyclopédisme qui ne laisse rien en dehors, pas même les choix moraux. Encyclopédisme qui a vite fait de s’auto-proclamer universel, donc « vérité ».
Tout ce qui s’affiche, se montre, tout objet du spectacle « vaut », et ainsi de ce seul fait tout est réputé équivalent, ni bien ni mal, ni positif ni négatif : mais « affiche ».
En fait tout est brouillé.