On lit, çà et là, que l’odieux assassin, à la vie et aux méfaits duquel « on » vient de mettre fin, souffrait d’un « plaisir de tuer » (*)… ou autres remarques équivalentes.
L’existence même de ce propos est effrayante. Car il implique, en creux, que l’on peut tuer SANS plaisir !

Mais qui donc tue SANS plaisir ?

Si l’on excepte les métiers de boucherie (mais il ne s’agit pas d’abattre des êtres humains) je ne vois qu’une réponse : les soldats du contingent, les « appelés » à qui l’on donne l’ordre de tuer sous peine de passer en cour martiale et d’être à leur tour exécutés.
Ceux-là n’ont très probablement pas de plaisir à tuer.

Tous les autres cas imaginables ne sont pas exempts d’une certaine forme de bonne conscience voire de plaisir de vengeance, de justice, de devoir et autres justifications pleinières… quand la jubilation vicieuse n’est pas plus clairement de la partie.
Même les bourreaux de certaines nations, en service commandé, qui ont, quoi qu’on pense, choisi leur « métier » …
Même les certainement fort louables accompagnements des derniers moments (ou euthanasie médicalisée) comportent une part de bonne conscience induite par le soulagement indéniable apporté à la victime d’atroces souffrances.

(*)Stéphane Bourgoin interview au Parisien dont il faut savoir qu’il a rejeté le présent article sur le fond (voir remarque ci-contre)