Contexte et situation

Nous pratiquerons un très rapide « retour aux sources ». Car notre contexte historique est très particulier : il est issu de la vaste confusion née aux XIX° et  XX° et au sein de laquelle nous nous croyons contraints de vivre, résignés que nous sommes.
Nous devons assumer le passé et le dérangement profond que subirent les mentalités aux XIX° et XX° siècles.
Mentalités qui, quoi qu’on dise, ne se re-rangent ni ne se réarrangent pas vraiment depuis… Au mieux, elles « s’accommodent ».
Ainsi la déroute nous inviterait sûrement à nous doter d’un « nouveau paradigme »… mais nul ne sait lequel…
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Toutefois, une mutation récente se donne à constater. Elle survient après une évolution lente du statut des représentations. Il est vrai que longtemps l’humain s’est contenté d’un petit nombre de représentations…
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Récemment, tout près de nous, un objet mental : l’Europe et sa « construction » pèse très lourd dans notre quotidien … quelles mythologies sont à l’oeuvre dans ce processus qui date désormais de plus d’un demi-siècle ?
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Quel qu’en soit le contenu ou la matière, les chenaux de l’information sont innombrables et l’information véhiculée sature de très loin nos capacités d’absorption et d’analsye. Nos capacités d’intellection semblent être totalement dépassées par les événements (comme l’on aime à le répéter) … à moins que ce ne soit là ce que l’on voudrait nous faire croire ? La saturation de l’information n’est-elle que le résultat fortuit, le constat d’une emballement quantitatif ou une entreprise délibérée qui consisterait à produire précisément une information d’un type nouveau, qualitativement nouveau : une « information saturante » – qui paralyserait ainsi nos capacités d’analyse et d’intellection ?
Trop de savoir devient un non-savoir et tout y est équivalent, inutile, inopérant … abrutissant : trop montrer est cacher. La surabondance de propos procède du mutisme (dont on sait qu’il n’est que silence hostile).

« Là où la désinformation est nommée, elle n’existe pas. Là où elle existe on ne la nomme pas. »
« On ne la nomme que là où il faut maintenir, par l’intimidation, la passivité ».
Guy Debord, Commentaires …

C’est ainsi également que l’on organise une « illusion », un « spectacle » du bonheur où nous sommes réputés nager. L’invitation au conformisme béat en est le ticket d’entrée.
Mais, force est de constater que nous sommes confrontés dans le discours ambiant à une série inquiétante de ce que l’on ne peut qu’appeler « dé-représentations ».
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De là d’indispensables prises de conscience s’imposent.
Ainsi : dans le monde éthique on assiste à une neutralisation des extrêmes et une belle équivalence de toutes choses. Nous sommes entrés à la fin du XX° siècle dans une ère de (croyons-nous) très confortable « confusion ». Il n’en est rien , cette confusion se révèle, à la vivre tous les jours particulièrement agressive, toxique. D’aucuns, tels Jean-Claude Michéa ou Bruce Bégout tentent de ramener nos consciences à une posture saine et simple comme celle de la « common decency » d’Orwell…
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D’autres aspects bien entendu pourraient être développés qui sont des corollaires de ces différents constats.
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Eléments de programme :

Soulignons plus particulièrement, de manière programmatique, les aspects qui devront, qu’on le souhaite ou non, piloter nos choix ou faire l’objet de remises en question dans les décennies qui viennent :
Réfléchir à l’impossibilité d’un monde qui dépend pour sa survie d’une suicidaire « croissance ».
Interroger la pertinence (caduque ou non) de la « valeur » (cf. le mouvement de la « Wertkritik » et le Manifeste contre le travail de Krisis et Exit).
Examiner l’évolution des représentations :

  • ce que nous sommes devenus sous le joug de la marchandise,
  • le sujet automate auto-référent asservi à la valeur,
  • et spectacle de lui-même dans une fiction d’échange,
  • comment celui-ci s’est substitué au lien social ancien, celui de la subsistance et de l’usage.

Le constat de cette évacuation et dissociation du rapport (jusqu’alors incontournable) à la séquence « activité-emploi-travail » (cf. par ex. les articles de Bernard Friot)
Ceci ayant un rapport direct avec les coups de boutoir portés aussi bien contre :

  • les retraites par répartition (en feignant de les « sauver » justement !) tout récemment,
  • la fonction publique (de manière plus permanente)
  • les services publics (torpillés jour après jour par l’UE)
  • un certain rapport au savoir (d’où l’éradication d’une recherche non récupérable directement par les puissances financières et exploitable dans le court terme – en clair : le processus de Bologne et sa déclinaison française la LRU)

Autre constat : l’occultation par tous les moyens des occasions de percevoir la détresse, (autrement que comme spectacle lucratif du monde) – en clair il s’agit de l’interdiction tacite du désespoir.
Le XXI° apporte sous nos yeux de nouvelles et inquiétantes dimensions dont la résignation active, quasi-militante, n’est pas la moindre.

D’où l’organisation par les gouvernances, à défaut de satisfaction, de la résignation et du découragement :  il s’agit bien de « dé-représenter » le réel, de dévier les mythes et les repères imaginaires…par le biais de la festivisation (cf Philippe Muray) la crétinisation, l’infantilisation, la fuite dans la consommation …
Dans tous les cas il importe pour les élites qui sont aux commandes de court-circuiter le désespoir : d’en pratiquer l’ablation.

Autres éléments de programme

Réfléchir à ces « difficultés intéressantes » auxquelles sont confrontés les choix de société :

  • Comment repenser un système de santé qui ne serait pas faussement égalitaire …
  • Ou une société de justice et de justesse (ni big society ni totalitarisme du bien  collectif)
  • Que faire des deux visages du « libéralisme » (de cette « double pensée » ‘Michéa), du « néo-capitalisme » de gauche et de droite ?
  • Que penser de l’allocation universelle ?
  • Comment dépasser la fascination qu’éprouvent les intellectuels pour les puissants ?


liste qui est loin d’être exhaustive.