Développement durable en Europe

Représentations d’une idéologie contradictoire

Michelle VAN WEEREN
Face à l’état alarmant de la planète et aux inégalités sociales toujours croissantes, les sociétés européennes semblent avoir trouvé la réponse adaptée. Concept très en vogue sur le continent européen, le développement durable s’impose aujourd’hui aux pouvoirs publics et privés comme un outil opérationnel censé donner les lignes directrices qui permettraient de trouver un nouveau modèle de gestion plus respectueux de l’environnement et de l’humain. Malgré l’unanimité apparente avec laquelle toutes les parties concernées semblent avoir adopté cette nouvelle idéologie, il s’avère qu’il existe des différences dans l’interprétation et la mise en pratique du « développement durable ».
Ces différences semblent en partie être dues à la confusion générale qui règne autour de ce concept parfois perçu comme contradictoire. Confusion qui laisse naturellement une marge de manœuvre et une liberté d’interprétation considérable à ces nouveaux acteurs de la durabilité. Mais, un développement véritablement durable ne nécessiterait-il pas une révolution collective de nos mentalités, révolution qui sera avant tout profondément culturelle ?

« croissance intelligente, durable et inclusive » !

Valérian GUILLIER

La culture … « Ã  l’appui d’une croissance intelligente, durable et inclusive » (Proposition de règlement pour le programme Culture)
Le titre peut prêter à sourire. Non ? Voire à rire assez franchement. Pour les personnes qui sont le plus au fait des dernières tendances de l’Union Européenne, cela pourrait même faire sens.
Il est admirable de voir ce que l’Union peut produire en matière de mots creux.
Commençons donc par la seconde partie. La croissance est décrite comme intelligente, inclusive et durable. Au delà de la continuation d’une rhétorique linguistique aux métaphores religieuses bien huilées on ne peut s’empêcher de pouffer devant le terme de « croissance intelligente ». Je m’arrête déjà sur le fait que le résultat d’un calcul (différentiel de l’activité économique sur deux périodes) soit qualifié d’intelligent. L’antropomorphisation d’un résultat (ce que l’on met couramment à droite du signe égal) tente d’en faire oublier la bêtise intrinsèque.
La croissance est bête.

La ville créative : quelle place pour la culture?

Laetitia SILVENT

Prisé et source de grandes polémiques, le concept de ville créative connait un succès retentissant. Les métropoles sont en quête de nouveaux modèles urbains capables de répondre à leurs attentes afin de faire face à une concurrence accrue qui les pousse à faire preuve de créativité. Pour attirer les fonds et gagner ou conserver une certaine notoriété, les métropoles se tournent vers les prédicateurs de cette doctrine de ville créative pour renouveler les tissus économiques et urbains. Il est ici question de mesurer l’instrumentalisation qui est faite de la culture. Que signifie le terme « créatif » pour ces prédicateurs ? Est-il question de culture ?

Savoir et mémoire : Culture, art, patrimoine

Le pouvoir, la politique et le monde de l’art ont tout au long de l’histoire connu de nombreuses convergences à défaut d’une longue histoire d’amour. Ce n’est que récemment (fin du XXème siècle) que la confusion organisée de main de maître est parvenue à gommer les frontières non seulement entre les avenues et les goûts du pouvoir mais aussi entre l’art et ce qui n’en est pas – ce dans quoi il faut inscrire la « marchandise ».

Hic & nunc : quel avenir pour le passé?

Comment miser ? Présent ou patrimoine ? C’est tout un programme de travail qui semble s’imposer à notre génération quand on constate l’opposition des deux clans qui s’affrontent tant dans la presse spécialisée que dans les couloirs des ministères : les adorateurs du patrimoine (sur l’air de « ah c’était le bon temps mais tout fout le camp ») et les adulateurs d’un présent hyper-post-moderniste porteur des lendemains qui chantent (sur l’air de « miroir mon beau miroir, nous n’avons jamais été aussi beaux et intelligents »).
On sait ce que l’on peut faire dire au passé. On l’a vu être mis au service d’innombrables enjeux contemporains, des plus futiles ou frivoles aux plus sérieux ou rentables, des plus innocents aux plus machiavéliques (manipulations identitaires, tribales, claniques, indépendantistes, universalistes, populistes… ). L’industrie des legs du passé ou celle de son dénigrement est vite devenue une nouvelle filière économique. Une chose est sûre, cependant, elle n’aura jamais les moyens de l’innocence dont elle entend se parer.

Remarques et compléments

La crise de … allons donc

Philippe DAGEN entre autres critiques et esthètes s’est interrogé, il y a de cela quelque temps déjà, sur ce qui , à mes yeux , est un des traits de notre siècle :
ce que l’on nomme « malaise de l’art » ou « crise de l’art » … n’est-elle pas plutôt la crise, dit-il, du discours sur l’art et non celle de la création …

Les mythes : définitions et problématiques

L’homme de tout temps sait qu’il ne sait pas puisqu’il se pose sans cesse des questions qui restent sans réponses.
Il apporte certaines réponses d’ordre expérimental – qu’il théorise en techniques, sciences : en savoir établi.
Il apporte aussi des réponses qu’il invente ou dont il n’a qu’une intuition – et auxquelles il faut croire.
L’homme détermine ainsi
du connu,
du connaissable encore inconnu et
de l’inconnaissable.

Lectures et pistes

Ouvrages, textes et liens à découvrir.