« Le vieux ! » – Bof c’est un bouc émissaire comme une autre. Tant qu’on n’appelle pas un chat un chat, ça baigne. Le vieux coûte cher, il conduit mal, il râle, il dépense peu et ne produit rien ! … Allons ! Secouons tous en coeur le cocotier ! Quel organe de presse, écrite, parlée webisée fait l’économie de ce superbe « marronnier » ?
Et pourtant il est difficile de faire passer certains messages bien connus, ces statistiques bien vérifiées : le vieux génère infiniment moins d’accidents que le jeune et toutes les assurances le savent bien. Mais non c’est comme avec les 4×4 ; on n’oublie jamais de signaler que c’en est un ; mais par contre pour les coupés ou cabriolets surmotorisés ou autres véhicules de « jeunes fous » aucune mention n’en est jamais faite dans les faits divers, comme de l’âge ou du sexe de jeunes fauteurs d’accidents. De même l’âge d’un vieux – comme la nature 4×4 d’un véhicule – ne manquera jamais d’être cité par les obligeants journaleux à la solde des grands discriminateurs, manipulateurs en culpabilisation et grands fournisseurs de bouc-émissaires.
Et pourtant …
Ce n’est pas l’âge (notez que « jeune » est aussi une infirmité sociétale si l’on croit certains) ou les éventuels problèmes de santé (encore que …) qui sont les plus accidentogènes ! NON ! Appelons enfin un chat un chat :
C’est l’incivisme global qui est de très loin le plus accidentogène – cet incivisme rendu hautement positif – l’incivisme qui ne fait que traduire sur la route sous forme d’agressivité ce qui est par ailleurs dans tous les autres secteurs de l’activité, de la vie culturelle et des moeurs commerciales LA VERTU cardinale de notre univers mental.
J’ai nommé la compétition : le toujours plus.
Qu’il se traduise par le culte de la sacro-sainte « croissance » ici ou par la soi-disant « saine agressivité commerciale » ailleurs c’est cette vertu-là qui justifie de toujours aller plus vite, de ne s’encombrer d’aucun scrupule, de « piétiner » son voisin… de paraître, paraître encore et encore le « meilleur ».

Alors qu’on arrête ces culpabilisations à la mode, toutes ces discriminations au nom de la classe (d’âge ou autre) du groupe social, si faciles, cette incessante recherche de boucs émissaires ! Ce sont les personnes individuelles qui sont dangereuses et non les catégories sociales et approximatives auxquelles elles appartiennent (ou non d’ailleurs) : tous les objets de ces « procès de groupe » que les medias pratiquent jour après jour sans bien s’apercevoir qu’ils sont si peu éloignés du racisme et des discriminations collectives les plus primaires.

Il serait plus qu’URGENT, par contre, de cesser de donner en exemple la crétinisante rivalité-compétition minute après minute dans nos medias, dans chaque facette de notre culture.

Compétition qui n’est que la « guerre de tous contre tous » (comme dit J-C Michéa), cette agressivité totale qui est devenue la vertu cardinale de chacun de nos univers mentaux : entreprise, politique, sport-spectacle (si lucratif !), concours, scolarité, etc. – jusques et y compris, en toute logique, chez les frimeurs de la route qui se comportent là comme ailleurs selon la même et universelle mentalité débile de la compétition.
Non, décidément, la compétition ne grandit pas l’être humain. Vraiment pas.