Méfiez-vous des buts

Méfiez-vous des buts. On se donne un but dans la vie, puis, un jour on l’atteint. Alors, il ne reste plus qu’à se tourner vers la raison. Elle fournit des raisons… de vivre.
Et c’est bien triste. C’est bien triste d’avoir des raisons de vivre. Pour ma part, je préfère vivre sans raison.
Le seul but qui vaille la peine d’être poursuivi c’est celui qui, une fois atteint apporte la démonstration de l’inanité des buts.
Ce but-là atteint, on sait que la seule voie est une forme d’errance ou plutôt d’habitation équivalente des possibles. C’est ce que j’appelle l’acceptation. C’est en fait très difficile, et nul n’en est capable.
Et moi ? Qui suis-je donc pour en parler ?

Alors, en définitive, on se donne de tout petits buts… tout de même. Ceci dit, rien à voir avec le grand but ultime, absolu, exclusif dont je parle ci-dessus. Les petits buts rappellent fort opportunément l’inanité des buts sous toutes leurs formes.

Tactique et stratégie

La stratégie consiste à savoir quand et comment perdre une bataille. La tactique s’évertue à les gagner toutes – quitte à perdre la dernière.
Tant de tacticiens étouffent ainsi les visions efficaces des stratèges et font que d’innombrables entreprises et projets n’apparaissent plus que comme de tapageuses stratégies d’échec.

De l’inutilité

Affirmons d’emblée, avec modestie, que : nous sommes ici pour penser de manière non rentable, non quantifiable, afin de parvenir à vivre, au monde, ici et maintenant, mais sans s’y perdre. Il s’agira ici de penser donc de s’exclure délibérément de l’utilité, de l’économique, du profitable, de l’échange quantifié.
Il s’agira de ne pas penser la quantité, ni la nature, mais pourquoi pas ? … de tenter de penser la pensée elle-même.

Sur place exubérant

Le monde ne progresse pas il fait du trempoline.

Progrès : choix ou choix du non-choix ?

Peut-on (encore) « choisir » le progrès ? A-t-on jamais pu ne pas choisir le progrès ?

Vivre par procuration

Les intellectuels vivent par procuration : au travers de l’art, des systèmes, des ludismes de la signifiance, dans l’illusoire noblesse de tous les métalangages.
Les bourgeois non-intellectuels vivent plus chichement au travers du paraître simple, celui que donne l’argent et « l’avoir l’air » (bon marché) de certaine aisance matérielle, du bagout et du vêtement.