La petite voiture est une peau. La grande voiture est un lieu privé. Elle est un espace que l’on emporte avec soi pour recréer un « milieu », une structure personnelle dont partout l’on dispose. La petite voiture est une clôture utérine, infantile, ou familière, ce qui la rend très populaire, indépendamment des aspects financiers. La tendance étant d’ailleurs à un rapprochement des prix ; nombre de « petites » (en taille s’entend) coûtent plus cher que bien des « grosses ».
La petite voiture est, en fait, de l’ordre du même, du moi-même et épouse vos contours …
La grosse, je devrais dire la « grande » voiture, celle qui est dite « bourgeoise » ou « arrivé » n’est que plus élaborée, plus aboutie, c’est-à-dire qu’elle est plus objectale et moins viscérale, donc plus étrange à mon corps. La grande voiture est de l’ordre de l’autre. L’une est intime, est une sorte de second corps qui double vos actions, un pro-longement de votre être, une traduction de vos élans (ou plulsions) — c’est ce qui la rend si dangereuse quand elle est puissante et rapide.
L’autre est un objet indépendant, un « véhicule », un « bâtiment », un « paquebot » … qui se pilote, auquel on doit donner des ordres et dont la dimension et la masse, autrement dit l’inertie, pour maîtrisées qu’elles puissent être, exigent toujours (ou devraient exiger !) une totale disponibilité intellectuelle en plus de l’intuition et des réflexes ordinaires.
On pourrait bien entendu faire la même remarque à propos des autres sortes de véhicules (navires, aéronefs ou autres…) … mais il se trouvent qu’ils sont bien moins répandus … et moins « mythologisés » dans les médias.