Comme il est fascinant d’émettre. De produire en cercles concentriques des effets de sa propre création. Publier, rayonner, parler dans un micro et diffuser sur les ondes à l’entour.
Emission radio, émission spermatique, même tension orgasmatique, même plaisir de la rétention, des préparatifs qui précèdent le « spectacle ». Intense. Qui sait y résister ?

La multiplication des instances de publication, le grand nombre des livres et émissions radiophoniques fait qu’on n’a comme récepteurs, destinataires de fait que les « intéressés » eux-mêmes en leur « milieu », en leur périphérie (on dit aussi « tribu » pour faire « in »). La civilisation des média ne prêche que des convertis. Les polémistes n’existent qu’en se cautionnant entre eux. On parle de communication, de médias, d’information alors qu’on ne voit et n’entend que radotage, confirmation de chacun dans ses positions grâce à des chahuts, des tapages, des brouhahas qui excluent, occultent, couvrent d’autres chahuts et tapages, en abîme …
La mer à traverser pour rencontrer quelqu’un de différent est désormais trop grande. On ne rencontre plus que ses semblables. Ceux qui crient le plus fort contre « racisme et exclusion » sont ceux qui le pratiquent le plus intensément en ne sortant jamais de leurs sacro-saints réseaux d’amis ou d’influences.
L’essentiel est de « communiquer » surtout quand on n’a vraiment plus rien que ce soit à se dire.