La ville créative : quelle place pour la culture?

Laetitia SILVENT

Prisé et source de grandes polémiques, le concept de ville créative connait un succès retentissant. Les métropoles sont en quête de nouveaux modèles urbains capables de répondre à leurs attentes afin de faire face à une concurrence accrue qui les pousse à faire preuve de créativité. Pour attirer les fonds et gagner ou conserver une certaine notoriété, les métropoles se tournent vers les prédicateurs de cette doctrine de ville créative pour renouveler les tissus économiques et urbains. Il est ici question de mesurer l’instrumentalisation qui est faite de la culture. Que signifie le terme « créatif » pour ces prédicateurs ? Est-il question de culture ?

Pondération … qu’ils disaient !

« Pondération » : quand on voit la notion mathématico-statistique pointer son nez dans un argumentaire tout est dit. Rien n’y sera fiable. Trucage ici, petit ajustement là, lissage de courbe, enfin, pour faire beau …
En clair : rien ne sera mis au service de la recherche de la « vérité ». Tout sera mis au service de la force de conviction (un peu à la méditerranéenne) . Le rhéteur doit convaincre, persuader, faire partager son opinion – quitte à feindre le débat – par toutes les ficelles que l’industrie du discours procure à l’érudit de ces arsenaux. Foin de l’authenticité, du vrai, du juste. La vérité, si jamais elle survient, ne sera jamais qu’un additif (élégant), qui vient en sus, qui sur-vient, dans le processus mis en oeuvre afin de convaincre et d’emporter la conviction…
Ainsi va également la « démocratie »… et la communication (la « comm »), la pub, la séduction, la drague, le commerce… Mentir avec talent consiste à bien dissimuler que l’on ment. Le meilleur moyen d’y parvenir n’est-il pas de se la cacher à soi-même ? Parvenir à croire (à se faire croire) que l’on n’est pas en train de mentir doit, dans notre culture, toujours emporter la conviction de l’interlocuteur.
Qu’importe finalement la vérité ? Tout étant relatif, tout se vend, tout se vante ! Tout fait « ventre ». Tout fait fric.

Technolâtrie (1) : communiquer

Tout devrait nous inspirer de l’enthousiasme, voire de la ferveur en ces domaines… et pourtant, d’aucuns, non sans raison, semble-t-il insistent pour que nous montrions plus que de la vigilance. Quels sont les enjeux et qu’est-ce qui, en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC), commande la vigilance voire la défiance ? Résister au progrès ? Vous n’y songez pas. Alors comment se tenir à égale distance des enthousiasmes naïfs ou marchands et du dénigrement diabolisant ?
Les TIC concernent toutes les organisations humaines de par l’outil de diffusion, de circulation de l’information et de prosélytisme militant qu’elles peuvent constituer. C’est pourquoi elles ne laissent aucun groupe, chapelle ou faction indifférent. Elles peuvent contribuer à l’organisation, ou, par le biais des forums, représenter un lieu de débat, de « discussion ». Tout ceci est évident, mais la chose est-elle sans risque et sans coût, sans contrepartie aucune? Quel prix, quels risques, quels renoncements, quelles garanties ? Incontestablement, ces techniques présentent des aspects très positifs, mais cela suffit-il à en justifier l’emballement ?

Technolâtrie (2) : la mentalité hypertexte

Observons les mutations en termes gestion des simulacres. Les succédanés de communication auxquels on commence à aboutir sont caractérisés par une mise en retrait du message. Ce qui s’y perd, s’y érode c’est sa richesse et sa diversité qui ne s’apprécient que par la mise en valeur de la « saveur lente » à laquelle il invite. Richesse et profit sont effacés au profit de la célérité de la diffusion, de l’immédiateté de l’accès. La priorité est donnée à la vitesse et à la volupté technicienne de la connexion, des enclenchements. La technique, en effet, est toujours prompte à accaparer le plaisir.

Scientolâtrie : « comme » … la science

La science est devenue insensiblement un objet de mode. Il ne faut pas entendre par là qu’elle a eu des emballements puis des ralentissements, qu’elle a connu des culs-de-sac et des retournements multiples. Il ne s’agit pas de ces « modes » qu’elle aurait pu engendrer en son sein c’est-à-dire parmi ceux qui Å“uvrent pour l’enrichir. Non, ce qu’il faut entendre ici par « mode » tient au fait que d’objet d’admiration puis d’adulation la « Science » a suscité des conformismes de façade ; or que voulez-vous que soit un conformisme en matière de science sinon un conformisme d’expression, de discours, de vocables, de tout ce qui, sortant de son emploi et de sa destination (qui est en principe toute de rigueur) devient vite de simples tics de langage, quasiment dépourvus de contenu, de sens.

Internet et le cinéma

Sophie BOUDET-DALBIN

Vers une meilleure compréhension d’internet pour le développement de la distribution numérique de films. Cet article, bien qu’écrit en 2004, met à jour des enjeux que la recente actualité n’a fait que confirmer. Internet, insistons, est une technique qui ne crée pas en soi du sens. Confier aux nouvelles technologies de communication un rôle de pilote de transformation sociétale, c’est confondre performance et sens.